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La fois où j'ai appris ce que l'amour n'était pas

Il était une fois un homme qui avait le don de me faire sentir comme la plus belle femme dans le monde où que nous étions. Il avait des yeux rêveurs, la tête toujours un peu ailleurs, et la carrure de David de Michelangelo.  Appelons-le Dreamy Eyes. 

J'arrivais dans un nouveau pays lorsque je l'ai rencontré, j'étais plus innocente et j'avais plus d'audace qu'aujourd'hui. Je n'avais alors aucune idée des règles tacites du jeu de la séduction au Québec (9 ans plus tard je vous avoue que je n'en sais pas beaucoup plus. J'aime profondément ce peuple mais certaines choses sont encore mystérieuses à mes yeux). Après quelques verres au cours d'une soirée étudiante chez des amis, propulsée par le courage de l'alcool je fis le premier pas. J'aurai dû me douter qu'une décision prise sous l'influence n'en étais pas une bonne ! 

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Après quelques mois ensemble j'étais convaincue d'être en amour avec Dreamy Eyes. Spoiler alert, c'était un amour à sens unique avec une date d'expiration. Je me suis faite larguée au restaurant au cours d'une journée pluvieuse d'un mois de mai. Je l'ai reçu comme un gros coup dans l'estomac, ma tête tournait, mon coeur était lourd et tout d'un coup je me sentais hors de mon corps, enveloppée par le désespoir.

Je m'étais accrochée fermement à cette relation, qui était à l'époque la seule chose dans ma vie qui fonctionnait encore un tant soit peu. Je pensais être au fond du trou, cette rupture me fit dégringoler vers un trou sans fond apparent, j'étais en chute libre. Une chute où tout est noir, où mon âme se faisait aspirer par un détraqueur et tout ce qu'il restait c'était ce sentiment de désespoir infini. 

Après plusieurs mois je finit par apprivoiser ce nouvel ami, cette ombre qui me visitait si souvent, qui fit partie de mon quotidien et devint une présence familière. Comme dans un vieux couple qui se laisse aller, la familiarité engendre le mépris. Je me suis lassé de cet ami et entreprit une quête pour m'en débarrasser. C'était ma revanche symbolique, à mon tour de larguer ce boulet et de revenir comme un phoenix.

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Ma quête me mena à une retraite de méditation silencieuse dans un centre Vipassana. Mon tempérament légèrement obsessif fut convaincu lorsqu'une amie me dit : "c'est très difficile, comme être dans une prison pendant 10 jours".

Assise en silence, j'observais mes pensées pendant 10 jours. C'était tout sauf silencieux, loin d'un état de pur bonheur observé chez les méditants les plus avancés qui dégagent cette espèce d'aura de bien-être et de bienveillance. J'étais prise dans un champs de bataille, celui de mon esprit, il était assourdissant et je me faisait frapper par plusieurs tornades simultanément. Le flot de pensées était interminable. Mon esprit était esclave de l'émergence incessante de pensées, d'émotions et de sensations qui me visitait. Le bruit devint finalement familier, comme un bourdonnement et je pu enfin me mettre à la tâche: observer avec équanimité, se laisser distraire sans s'en rendre compte, recommencer à observer, naviguer sur cette boucle à l'infini pendant les séances de méditation.

J'avais besoin de leur approbation pour renforcer ma confiance en moi. Je me valorisais à travers leurs regard, leurs compliments et l'opinion qu'ils avaient de moi plutôt que celle que j'avais de moi-même. J'étais dans un tel sentiment d'insécurité que je ne me considérais pas suffisante comme personne à moins qu'un homme ne me trouve assez bien pour envisager d'être dans une relation amoureuse avec moi.

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Les hommes étaient devenu la source de validation de ma propre estime et non plus des êtres humains que je pouvais pleinement apprécier, apprendre à connaître et découvrir. Je n'étais bien évidement pas consciente de ce schéma et de finalement le voir a été à la fois un choc et une délivrance. Accepter cette vérité n'a pas été facile. Ce n'est qu'après avoir fait la paix avec toute ces voix internes que j'ai pu lâcher prise, me défaire de cette ombre qui me pesait autant, et me libérer de l'attachement que j'avais à Dreamy Eyes. 

Alors finalement c'est quoi l'amour ? 

Honnêtement je ne sais plus trop. Après cette prise de conscience, je pensais que l'amour dans une relation amoureuse, consistait à vouloir être la meilleure version de moi-même pour être digne de mon partenaire. Mais plus j'y réfléchis et plus je suis convaincue que ce n'est que l'autre face de la même pièce. Ça reste la poursuite d'une validation externe pour satisfaire mon ego. 

Je ne sais plus ce qu'est l'amour. C'est peut-être mieux comme ça, et je suis en paix avec le fait de ne pas avoir une  réponse. Je me console en me disant qu'avoir le courage de me poser cette question et continuer sur ce chemin sans savoir est plus important que la réponse que j'espère un jour trouver.

 

Ou peut-être que je me pose trop de questions existentielles et que mon esprit est bien trop étroit pour imaginer et saisir l'amplitude d'une telle vérité si il y en a une.

 

Je me dit pour l'instant que c'est un parallèle avec la vie. Et si ma quête de ce qu'est l'amour c'était un peu comme la vie en ce sens, un voyage continu, plein d'incertitudes et d'opportunités d'exploration et de croissance. 

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Je subissais une opération à coeur ouvert, sans anesthésie, j'étais à la fois le patient, le chirurgien et l'observateur. Je me suis inspectée, j'ai vu toutes ces erreurs que j'avais commises envers moi-même et envers les autres. C'était un nouveau niveau de douleur et de dégoût, mais aussi d'espoir et d'apprentissage. 

Vers la fin de ces 10 jours, une révélation se présenta à moi. Je n'avais jamais aimé un homme de ma vie. J'avais été en amour avec les sensations plaisantes qui survenaient lorsque j'étais dans une relation amoureuse. Autrement dit, j'étais attachée à comment ils me faisaient sentir et non à eux.

Stay wild & dis toi que c'est ok de poser des questions difficiles

C'est pas la réponse qui compte, c'est où la question t'emmèneras qui en vaut la peine

Sarah Sambava

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